Du 8 au 11 mars dernier, j’ai eu la chance de participer à la semaine de l’entrepreneuriat écoféministe organisée par Solène Pignet de Creators for good. Si l’écoféminisme est un sujet qui m’intéresse à titre personnel, je ne l’avais jamais considéré dans le cadre de l’entrepreneuriat. Le programme des ateliers, mêlant des termes tels que business-plan, éco-sensibilité, mandala lunaire, équilibre, ou encore énergie et magnétisme, ne pouvait donc qu’attiser ma curiosité.
Bientôt trois ans après le lancement de La Courroie (fête d’anniversaire prévue en avril), les ateliers proposés durant cette semaine sont ainsi tombés à pic pour venir conforter des intuitions balbutiantes, apporter de nouveaux outils pour dresser le bilan de ces trois années d’activité, et accompagner la définition de prochains objectifs.
Culture entrepreneuriale et patriarcat
La création d’entreprise reste encore aujourd’hui fortement imprégnée par le modèle de réussite patriarcal, avec un accompagnement souvent axé sur une logique de résultat, de business plan, de “pitch”, d’études de marché, de développement d’un « réseau », de concurrence voire de compétition. D’ailleurs, dans l’imaginaire collectif, se lancer dans l’entrepreneuriat, c’est souvent accepter d’avoir une grande partie de son temps libre accaparé par son activité, avec une disponibilité quasi constante, souvent au détriment de la sphère familiale et privée. Ce constat n’épargne pas le monde du salariat et de l’entreprise, dans lequel il est presque impossible d’envisager un poste de cadre à temps partiel. De grandes compétences impliquent de grandes responsabilités, et donc forcément, une très grande disponibilité. Bienvenue dans le monde joyeux du “cadre autonome”.
Cette logique entrepreneuriale et les valeurs sur lesquelles elle repose, ont bien entendu fait leurs preuves, mais elles peuvent aussi pousser vers des objectifs de résultats immédiats au détriment de nos intuitions ou aspirations profondes. Quelle entrepreneure n’a pas déjà culpabilisé d’être en train de lire un livre sur l’écoféminisme plutôt que de répondre à un appel d’offre très rémunérateur mais pas vraiment enthousiasmant ? 🙂 Les différents ateliers proposés durant cette semaine permettent de mieux identifier et nommer les freins communs souvent observés chez les entrepreneures (comme par exemple la prédominance du syndrome de l’imposteur, des croyances limitantes, du perfectionnisme, de l’autosabotage, etc.) alimentés par des processus d’éducation et de socialisation. Et si on inventait tout simplement notre modèle d’entrepreneuriat, avec des critères propres que la société finira peut-être un jour, par valoriser ?
S’appuyer sur l’écoféminisme pour accompagner l’entrepreneuriat
L’écoféminisme regorge de concepts et d’outils qui peuvent en effet s’avérer être de précieux alliés sur le chemin de la création d’entreprise.
Avec notamment :
- l’idée d’avoir plusieurs cordes à son arc et de valoriser un projet multi-activités même si cela est beaucoup plus difficile à “pitcher” ;
- la possibilité de se réapproprier son temps grâce à l’entrepreneuriat et de se libérer du modèle 35h/semaine, 5 semaines de congés payés ;
- la possibilité de concilier argent et éco-sensibilité ;
- l’importance de ne pas négliger ses énergies de création et d’intuition (le Yin) en se focalisant uniquement sur les énergies pragmatiques de résultats (le Yang) ;
- la différence subtile entre se faire un « réseau » (concept associé pour moi au développement de relations intéressées entre personnes privilégiées et en circuit fermé) et s’entourer d’une communauté ;
- l’importance de l’alignement entre ce que l’on est et ce que l’on fait ;
- la possibilité de ne pas faire de séparation nette entre sphère professionnelle et sphère personnelle (schéma reposant sur des espaces traditionnellement masculins et féminins distincts) ;
- se rappeler que l’on est sa propre marque et que l’on ne pourra jamais être aussi bien positionnée vis à vis de ses prospects qu’en étant nous-mêmes alignées, faisant ainsi venir à soi des énergies complémentaires attirées comme des aimants par ce que l’on propose mais surtout par ce qui fait notre spécificité.
Si je devais retenir une phrase pour conclure cette semaine :
« Plus on prend conscience de ce qui nous détermine, plus on peut être libre”.
Si vous aussi, vous êtes adeptes de la pensée systémique et avez envie d’établir des connexions neuronales entre cycle lunaire, communication éthique, rapport à l’argent, patriarcat, capitalisme, je vous invite à éplucher les ressources en lien ci-dessous, avec notamment la liste des ateliers proposés par les intervenantes de cette semaine de l’entrepreunariat écoféministe.
Et un grand merci bien-entendu, à toutes celles et ceux qui ont directement ou indirectement nourri ces réflexions ou questionnements sur l’entrepreunariat tout au long du chemin de La Courroie.
En savoir plus sur les ateliers et les intervenantes :
Introduction à l’Ecoféminisme, Interview de Solène Ducrétot
Avoir une équipe, levier de profitabilité et d’équilibre de vie, Delphine Boileau-Terrien
Structurer son activité solo en sachant s’entourer, Dominique Descamps
Atteindre la rentabilité et plus, sans se limiter à une activité, Isabelle Gieling
Utiliser le mandala lunaire pour déployer son activité, Nathalie DocLaLuna
Doubler son chiffre d’affaire sans travailler plus, Solène Pignet
Gagner plus pour donner plus : l’argent comme vecteur de mon amour, Vanessa Fourcaudot
Concilier argent et éco-sensibilité, Blandine Chenot
Les freins que rencontrent les femmes dans l’entrepreunariat social en France, Joséphine Py
Comprendre son environnement financier et celui de ses clients pour positionner son activité, Katell Bosser
Investir pour grandir : comment prendre les bons risques financiers, Laure Matsoukis
Intégrer le crowdfunding à son plan de financement, même en B2B, Susana Nunes
Comment concilier ses valeurs, son épanouissement et son besoin de sécurité économique, Lydie Zulke Trokhatcheff
Se reconnecter à son féminin pour plus d’abondance, Marion Guiset
Transformer sa relation à l’argent grâce aux archétypes financiers, Marjorie Llombart
Utiliser l’énergétique pour choisir l’abondance et développer son entreprise, MaryLaure Teyssedre
Connaître sa valeur pour être reconnue et rémunérée à sa juste valeur, Rébecca Sfedj
Comment communiquer de manière responsable ET efficace ? Carine Tedesco
Utiliser le storytelling et le dessin pour capter son audience, Caroline Gaujour
Attirer plus de clients grâce à une identité de marque à la hauteur, Mélanie Ozgenler
Pour aller plus loin :
A écouter :
- Ecoféminisme, 1er volet : défendre nos territoires
- Ecoféminisme, 2ème volet : retrouver la terre
- L’entreprise, ce monde d’hommes, Les Couilles sur la Table
- Salariat et temps libre, Les Trois Points, Episode #1
A lire :
- Chez soi une odysee de l’espace domestique, de Mona CHOLLET
- Expliquez-moi l’écoféminisme, par le site Simonae